Certains s'amusent sur le dos des populations. "Coucou, je suis caché, tu ne me vois pas! ". "Tu vas voir si je t'attrape!". Le peuple compte les points, ou plutôt ses morts. Pendant ce temps, quelque chose de plus terrible commence à déferler ... dans l'ignorance la plus totale.
Au départ, trois scénarii pouvaient émerger : TGV réussit à prendre le pouvoir ; Ravalomanana résiste et se maintient au pouvoir ; les deux se réunissent et forment un gouvernement d?union. Rien de tout ça est à présent envisageable : le Président a décidé de reprendre le pouvoir par la force, en pourchassant et matant les partisans du Maire tout en essayant de coffrer ce dernier.
Dans le quartier résidentiel proche du Lycée Français de Tananarive, c?est la confusion la plus totale. La maison du Maire est proche. Des partisans veulent le protéger. Les forces armées obéissent aux ordres. L?Ambassade de France, comme à son habitude, n?a pas su anticiper l?évolution des événements de la journée, pourtant prévisibles dès 12h. Les élèves et certains professeurs ont eu très peur, cachés sous les tables de classes, lumières éteintes à la nuit tombée. Tana est en violente ébullition: la mini-guerre civile est en état de marche. Les deux mérinas appartenant à la grande bourgeoisie malgache sont en train de mettre la capitale et certaines villes de province à feu et à sang. L?un accuse l?autre d?affairiste ; l?autre lui répond qu?il est un simple arriviste. Pendant ce temps, le peuple compte les points et ceux d?en bas vont d?ores et déjà le payer cash.
En effet, la conjoncture internationale frappe à la porte de tous les pays. Elle a commencé par les pays riches, sièges de la haute finance. Elle va pénétrer dans quelques mois les pays pauvres. Habitués aux difficultés, aux famines, à la misère, un peu plus ou un peu moins diront certains !! Le problème, c?est qu?ici la survie côtoie quotidiennement l?abondance et le conflit entre les deux petits chefs va inéluctablement accélérer le processus anarchique déclenché par la crise. Partout dans le monde, les classes défavorisées et les classes moyennes vont souffrir dans la mesure où, à aucun moment, le système capitaliste mondial ne sera remis en question.
A Madagascar, deux hommes politiques jouent à la guéguerre : je pavoise, je te nargue, je te méprise, j?élimine quelques pions, « fais attention à toi si je t?attrape », « tu me fais même pas peur », ? et, en haut comme en bas, tout le pays ignore ce qui va réellement se passer. Cela a été le cas aux USA, en Grande-Bretagne, au Japon, en France, ? Cela va être le cas au Sénégal, en Côte d?Ivoire, aux Seychelles, etc. Les dirigeants politiques ont pour objectif de guider leur peuple. S?ils n?ont pas assez d?intelligence pour prévoir, anticiper les problèmes et oser remettre en question un système qui n?a pas fait ses preuves, autant les écarter et imaginer un autre système de fonctionnement sociétal.
Tananarive s?effondre chaque jour davantage et personne, oui, personne ne viendra cette fois à la rescousse des Malgaches. Le repli sur soi est devenu chose courante : ici, là-bas, ailleurs, dans les mois qui viennent, égocentrisme et nationalo-centrisme risquent fort d?occuper le devant de la scène ?
L'auteur 
Rédacteur 
Invité
